« Notre force, c'est de connecter les acteurs entre eux pour éviter toujours plus de gaspillage »
22 juin 2023Saviez-vous que 900 000 tonnes de déchets par an sont des déchets mobiliers ? Ces déchets, dont on parle moins que les déchets alimentaires ou textiles, sont pourtant bien réels et ont un impact environnemental non négligeable. Ils pèsent lourd sur le bilan financier des entreprises, qui doivent les rapatrier une fois la marchandise commandée en ligne retournée en entrepôt. Oui, mais ça c’était avant qu’Olympe Chabert et Ariane Varale ne lancent leur start-up, SmartBack qui a pour mission de donner la meilleure seconde vie possible aux retours, en local. Rencontre avec Olympe, l’une des co-fondatrices et diplômée d’AgroParisTech.
Bonjour Olympe. Avant de nous lancer dans la découverte de SmartBack, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre parcours ?
O.C : Avant de lancer SmartBack, j’ai effectué une double formation à AgroParisTech et HEC Paris. Avec HEC Paris, je voulais réunir des compétences commerciales et avec AgroParisTech, avoir des compétences en ingénierie et rendre mes projets concrets, en suivant un cursus en ingénierie des aliments biomolécules et énergie, spécialisation Conception & Développement de Produit. J’ai su très tôt que je souhaitais m’investir sur des projets liés au gaspillage et à l’économie circulaire avec la revalorisation de produits destinés à devenir des déchets, mais dans quel secteur ? Je ne le savais pas bien encore. J’adore les enjeux agroalimentaires mais Phénix, TooGoodToGo et d’autres s’étaient déjà bien emparés des sujets de gaspillage alimentaire. Devenue étudiante en master entrepreneuriat, j’ai décidé d’aller explorer, lors d’un projet étudiant, tous les types de déchets non alimentaires produits par de gros industriels français. Avec mon amie Ariane Varale (co-fondatrice de SmartBack), nous avons visité beaucoup d’entrepôts aux quatre coins de la France, des usines de productions et découvert différents types de déchets industriels (des coques de bateaux, pales d’éoliennes…), toujours dans cet objectif de revalorisation des déchets. Et là, une rencontre a été le déclic. Un directeur RSE d’une grosse entreprise de mobiliers nous a fait part d’un problème bien plus important que celui des déchets industriels : celui de la destruction de produits quasi neufs, des retours e-commerce qui n’allaient pour la plupart d’entre eux pas pouvoir être remis sur le marché ou à un prix extrêmement dérisoire.
Et c’est comme ça que vous débutez avec Ariane Varale le projet SmartBack…
O.C : Oui, nous débutons Ariane et moi, durant les débuts de la crise Covid, précisément au moment où les gens, confinés, prennent le temps de remeubler leurs appartements ou leurs maisons. Mais qui dit boom de commandes en ligne dit aussi boom de retours ! Et encore plus de gaspillage… A force d’échanger et de démarcher les acteurs de la filière, nous commençons à avoir une vision claire de ce qu’il faudrait faire : nous devons trouver pour chaque meuble à retourner par un client un acteur local en capacité de le revaloriser (associations, magasins d’occasion, restaurants, hôtels…). Nous avons donc développé un maillage national d’acteurs de l’ESS intéressés par ce gisement et un outil pour automatiser le process. Nous savons que notre réussite dépendra du fait que nous répondrons au mieux aux besoins de toutes les parties prenantes du process de retour. Pour les vendeurs, il faut revendre au meilleur prix possible un article qui était destiné à la déchetterie ; pour le particulier, savoir que le meuble qu’il ne souhaite pas garder sera repris chez lui rapidement et revalorisé, et en bout de chaîne ; pour les magasins et associations partenaires comme Emmaüs, Petits Frères des Pauvres, la Croix-Rouge, il faut garantir qu’on leur aiguillera des meubles qui les intéressent…
Le force de notre modèle est de miser sur du local : chaque grande enseigne n’a qu’un grand entrepôt en France, tous les retours y reviennent, c’est donc des frais de transports souvent colossaux qu’on économise en revalorisant les retours en local. Et c’est aussi un impact carbone bien plus faible évidemment quand on passe de 600 km à 25 km parcourus par les produits, notamment grâce aux 650 acteurs qui nous font confiance, et ce dans toutes les régions de France métropolitaine.
Avez-vous des retours des acteurs avec lesquels vous travaillez ?
O.C : Oui, et ils sont très satisfaits. Par exemple, nous lançons toujours une période de test de trois mois avec les e-commerçants avec lesquels nous travaillons : 100% d’entre eux ont poursuivi leurs collaborations avec nous et trouvent l’interface de suivi et les dashboard créés très utiles et faciles à utiliser, avec une vraie traçabilité sur la seconde vie donnée ! Côté partenaires de seconde vie, nous leur générons des fiches produits très précises qui permettent de savoir exactement ce qu’ils rachètent ou reprennent.
Quelles sont vos ambitions pour demain ?
O.C : Nous souhaiterions pousser encore plus loin la revalorisation de ce mobilier : nous voulons travailler sur le reconditionnement du mobilier abîmé, comme cela existe pour l’électroménager par exemple. Notre volonté est d’accompagner les grandes marques sur les sujets de revente en seconde main et de réparation, en créant des business modèles circulaires rentables. Notre force à nous, c’est de connecter les acteurs entre eux et de créer les outils tech et logistiques les plus performants pour éviter ainsi l’augmentation du gaspillage et assurer des synergies où tout le monde serait gagnant.
Par ailleurs, notre équipe grossit vite et nous recrutons régulièrement des stagiaires et CDI pour soutenir notre croissance à deux chiffres donc que personne n’hésite à nous contacter pour construire le e-commerce de demain !