La ferme expérimentale de Grignon se renouvelle !
12 avril 2023La ferme de Grignon, c’est 400 hectares de cultures, un troupeau de 200 vaches laitières, 600 brebis allaitantes, une laiterie, et, à venir ces prochains mois, une unité de méthanisation. Après avoir mis en place en 2014 un système de récupération du méthane avec la start-up Nénufar (projet développé au sein du Farm’InnLab), la ferme va plus loin dans son programme Grignon Energie Positive avec la construction d’un méthaniseur et la pose de panneaux photovoltaïques. De quoi diviser par deux le bilan carbone de la Ferme !
Engagée depuis plusieurs années dans une démarche de revalorisation des déchets, la Ferme de Grignon possède depuis plus de huit ans une « couverture Nénufar » qui, en flottant sur le lisier, comprend une couverture flottante et un système de lestage permettant de récupérer et de stocker du biogaz. Aujourd’hui, la démarche évolue avec la construction d’une unité de méthanisation (composée d’un digesteur et d’un épurateur) dotée d’un fonctionnement plus « classique » : les entrants (déchets type fumiers par exemple) sont mélangés et fermentent, les bactéries transformant la matière de manière à produire du biogaz. Pour ce faire, les travaux de mise en place de cette unité vont s’étaler sur plusieurs mois : « Nous émettrons notre premier kilowattheure de gaz vert dans le réseau GRDF (Gaz réseau distribution France) en juillet 2023, et produirons ainsi 50m3 de biométhane par heure. Celui-ci va être distribué sur Grignon bien sûr mais aussi sur Plaisir, commune limitrophe. Pour vous donner une idée, la production peut chauffer l’équivalent de 400 foyers (1200 personnes) chauffés au gaz, ce qui est loin d’être négligeable », complète Dominique Tristant, directeur de la ferme.
L’installation photovoltaïque est aussi une importante évolution. L’idée est non seulement d’avoir une production électrique gérée par et pour la ferme mais également d’être cohérent dans cette démarche « écoresponsable » avec l’installation, dans le bâtiment photovoltaïque, d’un automate produisant des aliments spécifiques pour bovins et ovins (appelé «la cuisine»), qui fonctionne par ce système électrique. C’est là aussi un pari à priori gagnant pour Dominique Tristant, puisque « l’électricité représente un tiers des consommations actuelles de la ferme, donc s’auto-alimenter est forcément intéressant. L’été, il y a une production plus importante et nous consommons moins, ce qui fait que nous pouvons même envisager de vendre une partie de cette production. »
Depuis quelques semaines maintenant, les panneaux photovoltaïques installés sur le nouveau bâtiment de la cuisine ont été mis en fonctionnement. Malgré le temps plutôt maussade de mars, et sans avoir chercher à optimiser les consommations en changeant les périodes de fonctionnement de certaines machines, le premier bilan montre une participation des panneaux solaires à hauteur de 20% de la consommation globale du site sur toute la période. En cas de journée bien dégagée, ce taux atteint 100% en instantané. Au total, c’est une économie d’environ 36% qui est attendue, bien utile en ces temps de flambée de l’énergie. Rendez vous en fin d’année pour vérifier cela !
Enfin dans le courant de l’année, la toiture de la bergerie, vieille de 50 ans, va être rénovée : ce sera l’occasion de poursuivre dans cette voie, en y intégrant une toiture photovoltaïque.
Quels sont les avantages de la méthanisation ?
La double valorisation de la matière organique et énergétique, et évidemment la réduction des déchets qui contribue à diminuer l’empreinte carbone et à limiter les odeurs au niveau des exploitations (puisque le processus se fait en milieu « anaérobie », c’est-à-dire sans oxygène). Le constat de Dominique Tristant est simple : « On divise par deux le bilan carbone de la ferme en évitant les émissions de gaz à effet de serre, parce qu’en méthanisant tout de suite après la production il n’y a plus de stockage de fumiers, qu’on économise aussi de l’énergie et de l’engrais azoté (la fabrication d’engrais émet beaucoup de CO₂). Tout ça mis bout à bout nous donne ce résultat. »